ONLY CELLO

 

Une ANTHOLOGIE des OEUVRES pour VIOLONCELLE SEUL

de 1680 à nos jours

 

Valérie AIMARD, violoncelle

 

 

La nouvelle Chaine You Tube consacrée au violoncelle seul

Création le 5 Décembre 2020 

Visitez la chaine

       

22 compositeurs, 65 pièces enregistrées

Des premières oeuvres composées pour l’instrument de Degli Antonii et Gabrielli,
aux grands violoncellistes compositeurs Piatti, Franchomme et Cassado.
Le fabuleux répertoire du XXe siècle avec l’indispensable Sonate de Kodaly
et les chefs d’oeuvre de Lutoslawski, Dutilleux, Ligeti et Britten.
Des oeuvres plus rares de Weinberg, Bloch, Florentz et une place très spéciale
donnée à György Kurtag et Guy Reibel.

 

 

 

RCJ – INTERVIEW de Valérie Aimard par Frédéric Hutman
22 / 06 / 2021 – Ecouter

 

FRANCE MUSIQUE – La chronique de Suzanne GERVAIS
17 / 12 / 2020 – Ecoutez voir !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTÉGRALITÉ

des PIÈCES ENREGISTRÉES

par ordre chronologique

ALL PIECES RECORDED

chronological order

I – CONVERSATIONS avec Roger LENOIR, preneur de son

« ONLY CELLO ? »

English version


RL – Après la création avec une équipe d’amis musiciens de «CELLO KIDS»,

une chaine You Tube destinée aux jeunes violoncellistes qui connaît un réel succès,
vous inaugurez « ONLY CELLO » une nouvelle Chaîne en solo.
Quel travail ! quel dynamisme !! quelle entreprise !!! Comment est née l’idée de cet enregistrement-fleuve ?

VA – Je me souviens exactement du moment où à germer l’idée de cette Anthologie. C’était les derniers jours de l’été 2018. Cette année là je m’étais lancée dans ma première intégrale des Suites de Bach. C’est une étape pour tous les violoncellistes.
Une fois les concerts terminés, un peu décontenancée, je me suis dit « Et maintenant qu’est ce que je fais ? ». Les pianistes ont un répertoire infini , mais nous, violoncellistes, pas si facile de trouver un autre Graal !

J’ai pris un bout de papier et j’ai entrepris de faire la liste de toutes les pièces solo que j’adore jouer. Les premières qui me sont venues à l’esprit : les Strophes de Dutilleux, Per Slava et le Divertimento de Penderecki, la 1ère Suite de Britten, la Sonate de Ligeti, les Ricercare de Gabrielli, Sacher Variation de Lutoslawski.

Rapidement, j’ai atteint 2 heures de musique. Alors je me suis prise au jeu : « et si j’étoffe ce programme qu’est ce que je choisirais ? ». Hors Suites de Bach, ça faisait 4 heures de musique ! C’était incroyablement motivant. Puis est survenue cette idée un peu folle d’enregistrer une « Anthologie des oeuvres pour violoncelle seul de 1680 à nos jours ».

RL -Vous avez déjà enregistré plusieurs disques, en particulier chez Lyrinx, pourquoi ne pas continuer avec ce support ?

VA – Vous imaginez proposer à une maison de disques 4 heures de violoncelle seul ?!
Invendable !! Si on n’est pas dans un grand label, une bonne distribution est actuellement très difficile, un CD violoncelle seul va être oublié en quelques mois… Suffisamment de raisons pour abandonner l’idée du CD.

Avec un programme aussi vaste et ambitieux, l’idée de créer une chaine You Tube s’est imposée comme une évidence. C’est un moyen moderne et actuel pour que son propre travail soit vu et écouté. Il y a un aspect «work in progress » qui me plait. Un disque : on l’écoute, on le range et on l’oublie, il y a aussi une limitation de durée. Sur You Tube, on peut ajouter des pièces au fur et à mesure, de nouvelles personnes écoutent en permanence, c’est vivant et évolutif.

Au fil du temps, j’ai élaboré ce programme-fleuve en choisissant des oeuvres qui m’accompagnent depuis très longtemps et qui ont une Histoire dans mon Histoire. Avec une recherche d’équilibre entre les différents styles, des liens assez forts se sont crées entre les pièces en les jouant en concert. L’ordre d’apparition sur la chaîne est savamment penser pour former un tout cohérent.

 

 

II – Conversations avec Roger LENOIR, preneur de son

« Les origines du projet, le choix du répertoire, l’instrument »

« The roots of the project, the repertoire, the instrument « 

English version

RL – Nous comprenons fort bien votre démarche pédagogique, généreuse, avec « Cello Kids ». Et pour « Only Cello » ? Est-ce un défi technique ? Artistique ? Un défi à vous même, à la manière d’un alpiniste chevronné qui souhaite « faire l’ Everest »? ou le défi de parcourir tout le répertoire du violoncelle seul ?

VA – Ce projet, qui m’habite depuis 2018, s’est imposé à moi très naturellement. Plus qu’un défi, c’est plutôt une envie énorme et presque une nécessité de m’y absorber. J’adore jouer du violoncelle, et particulièrement de celui-ci. Dans la vie je suis violoncelliste, mais finalement mon hobby….c’est de travailler mon violoncelle !

Comme me l’a fait remarquer le compositeur Guy Reibel lors de l’une de nos nombreuses « conversations créatives », ce ne sont pas 2 ans de travail pour cet enregistrement, c’est TOUT, toute ma vie de violoncelliste, mes racines de violoncelliste.

Au moment où est née l’idée de cette Anthologie, les tournants et les tourments de la vie ont fait que j’ai perdu mes parents dans un laps de temps très rapproché. La musique a été d’une aide incommensurable. Je me suis réfugiée dans le travail, ce violoncelle devenant encore plus qu’avant un double, un alter ego. Cette Anthologie est dédiée à leur mémoire.

RL – Est-ce dans un but pédagogique, artistique, pour les grands élèves et les amateurs du répertoire pour violoncelle ?

VA – Clairement au départ, c’est un travail de réalisation personnelle et artistique. On croit toujours qu’on ne sait rien ! …mais si on met tout bout à bout, en l’occurence cela constitue une somme considérable. Plus de 30 ans passés avec le violoncelle, une sorte de legs de toute la musique que j’ai absorbée, emmagasinée. Au delà de la réalisation personnelle, toute cette connaissance accumulée, c’est intéressant de la faire connaitre à d’autres violoncellistes, au public.

Si on totalise le répertoire des 2 chaînes Only Cello et Cello Kids, c’est presque 200 oeuvres, souvent inconnues du public et rarement jouées. Une sorte d’encyclopédie du violoncelle !

RL – Voulez-vous prouver quelque chose ?

VA – Alors non, vraiment rien ! Quand j’ai rencontré mon maître Bernard Greenhouse, l’une des premiers choses qu’il m’ait dite c’est « You don’t have to prove anything, but be as sincere as possible ». C’était l’époque où je sortais du Conservatoire, où je passais des concours, cette phrase a bouleversé toute mon approche de la musique. Si quelqu’un écoute l’intégralité de cette Anthologie, je crois qu’au bout du compte il me connaitra vraiment très bien !


RL – Vous jouez un instrument que vous avez choisi pour son timbre chaud, riche en bas médium, qui semble parfaitement adapté au « lyrisme romantique ». Vous abordez un très large répertoire du baroque aux pièces contemporaines. Comment arrivez-vous à concilier ces esthétiques, ces styles avec un seul violoncelle ?

VA – Oui, …ce violoncelle ! C’est presque « lui » la vraie raison de tout cet enregistrement ! J’ai un tel plaisir à le jouer.
La rencontre s’est faite grâce à mon luthier Pierre Caradot fin 2008. Il appartenait auparavant à mon ami Antoine Lederlin du magnifique Quatuor Belcea. Quand je l’ai essayé, j’ai joué pendant toutes les vacances de Noël, je ne pouvais pas m’arrêter. Tout le répertoire y est passé ! Je ne l’ai plus quitté depuis.

C’est un violoncelle italien fait à Milan an 1694, probablement par Grancino.
Un violoncelle « musical » et très attachant, qui parle, qui réagit à la moindre inflexion, d’une grande précision d’émission, une grande aisance de jeu et beaucoup de projection. Le phrasé, l’harmonie, la polyphonie, le rythme même ressortent très naturellement et sa qualité de timbre touche de façon très immédiate. Ce qu’il a de magique ? c’est qu’il s’adapte à tous les styles justement.
Je joue également un magnifique archet de Joseph Henry fait vers 1850, depuis plus de 20 ans c’est vraiment comme le prolongement de mon bras.

D’autres violoncelliste auraient choisi, de changer d’instrument, d’archet, de cordes ou de réglage selon les différentes époques. C’est mon choix artistique de garder le même instrument, le même archet au travers de ces 350 ans de musique. Et d’espérer que si certains entendent des différences de styles ou de sonorités…j’y suis peut-être aussi un peu pour quelque chose !!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

III – Conversations avec Roger LENOIR, preneur de son

 » Le studio, la caméra, les micros, les lumières « 

 

 » The recording : cameras, microphones, lighting « 

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RL – L’image facilite t-elle l’écoute de la musique ?


Je suis très visuelle, j’observe beaucoup, je regarde beaucoup dans la vie en général. Ce n’est pas par hasard si je suis devenue mime, l’art visuel par excellence. J’aime voir l’approche physique des grands musiciens, comment leur corps devient sonorité. Bien sûr j’ai écouté des centaines de disques, mais j’ai toujours adoré la musique filmée, les grands chefs, leur gestuelle, leur gestique.

Pendant des années je ne manquais pas une saison de « Classique en images » à l’Auditorium du Louvre. J’y ai découvert tant de grands musiciens, qui sont souvent devenus des idoles par la suite : Claudio Arrau, Annie Fisher, Joseph Szigeti, Ferenc Fricsay, Carlos Kleiber, etc, etc…

Les grands maîtres qui m’ont influencée, György Sebök, György Kurtag, entre autres, parlaient tous de l’approche physique de l’instrument. Ils recherchaient un jeu d’une grande sobriété, on avait l’impression que la musique les traversait. Bernard Greenhouse, quand il jouait on n’oubliait son violoncelle. On avait l’impression que ce qui était à l’intérieur passait directement dans le son pour toucher le public. Dans son enseignement, c’était toute son approche, que chaque geste sur l’instrument soit fait pour la musique. Chaque geste devenait musical.

RL – Lors de vos concerts, des vos spectacles en tant que mime, vous êtes en présence d’un public qui vous écoute, vous regarde, voire vous observe. Quel rapport avez-vous avec la ou les caméras ? avec les micros devant vous ?

VA – J’ai l’habitude depuis très longtemps de m’enregistrer pour travailler. Particulièrement pour le mime, la caméra est un compagnon de travail presque indispensable. J’ai donc l’habitude du regard de la caméra, de m’observer, d’avoir une écoute et un regard critique sur ce que je fais.
J’ai aussi eu un sacré entrainement en enregistrant une centaine d’oeuvre pour Cello Kids, de plus en une seule prise !

Pour un disque, la présence physique du musicien disparait. On peut enregistrer en chaussette, avec son pull préféré, si on est très fatigué ça ne se voit pas. Avec la video, il faut toujours avoir l’air en forme, pas un fil qui dépasse, soigner tous les détails, on ne peut rien cacher, c’est très astreignant. Enregistrer en studio ET en video, ce n’est pas toujours évident d’être complètement habitée, authentiquement inspirée. Je ne suis pas la première à déclarer que le studio n’est pas le concert !

RL – C’est un autre travail que le concert ! S’écouter, se regarder n’est-ce pas un exercice difficile mais surtout enrichissant ?

VA – Il y a des moments de grâce, où tous les éléments semblent se mettre ensemble par magie. Il y a les miracles où la première prise est la bonne. Quand ça commence à coincer…5e prise, 6e prise …là il faut avoir un bon mental, toujours être persuadée qu’on peut y arriver, qu’on va y arriver ! Ça apprend l’humilité, on ne peut pas tricher et il faut trouver les ressources pour aller au bout de soi-même.

L’épuisement qu’on ressent après un enregistrement est très profond, différent de celui des concerts, c’est l’aboutissement d’un travail de très longue haleine.

C’est finalement au moment des écoutes, après l’enregistrement, que le face-à-face avec soi-même peut être douloureux. Parfois on se déçoit, parfois on s’en veut, et parfois arrive le jour où on se dit « tiens, là ça a de la gueule quand même ! ». Parfois on est touché par ce qu’on a fait, moment rare et d’autant plus précieux.

RL – Les micros, même soigneusement choisis et installés sont « froidement » objectifs. Et la caméra, observatrice, introspective, scrutatrice ! Vous êtes seule, encadrée et guidée par l’écoute du preneur de son et le regard du cameraman, c’est à priori confortable, mais cela ne vous stresse pas ?

VA – Dans ce projet il y a beaucoup de facteurs, la prise de son, le cadrage, les lumières, les montages, etc. J’ai beaucoup d’imagination et souvent une vision forte, un peu idéalisée de ce que je veux obtenir. L’une des difficultés est de parvenir qu’avec tous ces éléments, le résultat corresponde à l’idée intérieure; d’arriver à communiquer aux personnes impliquées dans le projet ma vision, tout en sachant intégrer ce qu’ils apportent eux-mêmes.

Je lis beaucoup de livres sur des grands créateurs qui parlent de leur travail : Béjart, Diaghilev, Ariane Mnouchkine, et beaucoup d’autres, des metteurs en scène, des compositeurs, des chefs d’orchestre d’opéra qui entrainent tout le monde, toute une troupe dans leur vision. A mon échelle, j’ai essayé de m’en inspirer dans la création de ces 2 chaines qui dépassent un peu le fait de seulement jouer du violoncelle.

RL – A votre avis, que peut apporter le décor, le fond de scène changeant au gré des pièces ? En souligne t-il l’atmosphère , ou est-il seulement une « image » pour fixer l’attention ?

VA – J’ai une grande sensibilité à la lumière, que j’ai encore plus développée dans la création de mes spectacles de mime, la lumière étant le décor des mimes. Depuis le début du projet, j’ai eu cette idée de créer une atmosphère, un décor avec l’utilisation de la lumière. J’ai une grande reconnaissance envers David Tepfer, qui accueille tout l’enregistrement à l’Atelier de la Main d’Or : passionné de prise de son, son écoute de la musique se traduit en lumières. C’est de la synesthésie ! Ça a été merveilleux de le rencontrer et de pouvoir réaliser cette idée première de décor lumineux.

C’est vrai que la tendance actuelle est de créer des clips à grand spectacle, le Cygne de Saint-Saëns au sommet du Mont Blanc, le Concerto de Dvorak dans une forêt, et même la Méditation de Thaïs pieds nus dans le sable. Tout cela ouvre probablement la musique classique à un large public, mais tout est tellement sophistiqué …que tout est faux. Ce n’est pas trop ma conception de la musique.

J’ai choisi un style de video extrêmement sobre, il y a juste l’interprète, la partition et le violoncelle. Une sorte de face-à-face avec la musique. L’image se réduit à l’essentiel, c’est très authentique. Oui, on pourra me reprocher une certaine austérité, mais c’est mon choix artistique. Pour la fantaisie, il faudra venir voir mes spectacles de mime !